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Les principaux parasites externes des reptiles

Les reptiles (serpents, lézards, tortues) sont fréquemment porteurs dans leur milieu naturel de parasites internes ou externes, sans manifester de symptôme. Les reptiles maintenus en captivité, souvent stressés par la surpopulation ou des conditions d’hébergement inadaptées, expriment plus souvent des symptômes liés au parasitisme. Nous verrons ici les parasites externes des reptiles ; une autre fiche aborde les parasites internes.

 

Quels sont les principaux parasites externes des reptiles ?

Les parasites externes les plus fréquents chez les reptiles sont les mites et les tiques, mais il en existe de nombreux autres.

Lézards Serpents Tortues
- Mites (Ophionyssus natricis
et Ophionyssus acertinus)
- Tiques
- Aoûtats
- Myiases
- Mites (Ophionyssus natricis)
- Tiques
 - Myiases
- Tiques
- Aoûtats
- Sangsues
- Algues
- Cloacarus

 

  • Les mites sont les parasites les plus fréquents, affectant essentiellement les serpents et les lézards. Ce sont des acariens hématophages (se nourrissent du sang), de 1 mm de long, très mobiles, de couleur rouge, grise ou noire. La mite la plus commune est Ophionyssus natricis. Cette espèce a une durée de vie courte, entre 10 et 30 jours, mais elle est extrêmement prolifique. La femelle pond entre 60 et 80 œufs, à la fois sur les reptiles et dans le milieu extérieur : dans le vivarium, sur les éléments du décor, sur les accessoires utilisés pour les manipulations (pince à nourrissage, à contention…).

Les mites se localisent préférentiellement sur la tête des reptiles (pourtour des yeux, menton, plis près de la bouche) mais également autour du cloaque.

Les reptiles massivement infestés par ce parasite sont souvent léthargiques (car anémiés par spoliation sanguine) et effectuent des mues de mauvaise qualité. Ils se baignent longuement et se frottent aux éléments du décor (pour éliminer les parasites et calmer leurs démangeaisons). Ces frottements entraînent parfois des lésions dermiques croûteuses pouvant se transformer en abcès. Les mites peuvent être vectrices de nombreux agents pathogènes : virus (par exemple le rétrovirus de la maladie des corps d’inclusions des boïdés), bactéries (Aeromonas hydrophila) ou parasites sanguins (trypanosomes, Plasmodium…).

La mise en évidence des mites n’est pas toujours aisée, car elles se déplacent rapidement et sont donc difficiles à repérer ; elles peuvent également rester cachées sous les écailles. Elles sont plus faciles à visualiser sur les reptiles à la peau claire. La présence de petits grains noirs (comme du poivre) sur les mains après avoir touché le reptile ou dans le bol d’eau est un signe de leur présence.

Il existe des possibilités de traitement acaricide par voie locale ou injectable :

  • Le fipronil (en spray) est très efficace. Attention, il ne faut jamais pulvériser le produit directement sur le reptile, mais imprégner un papier essuie-tout ou un gant avec le produit et le passer plusieurs fois sur la peau de l’animal.
  • L’ivermectine (injectable par voie sous-cutanée) est administrée par un vétérinaire. Elle ne doit pas être utilisée chez les tortues.

Ces deux molécules ne sont efficaces que contre les acariens adultes et le traitement doit être renouvelé 15 jours plus tard en cas d’infestation massive.

Attention, tous les acaricides disponibles sur le marché humain ou vétérinaire ne conviennent pas aux reptiles. Certains peuvent occasionner des troubles neurologiques très graves. Il est préférable de toujours se renseigner auprès d’un vétérinaire ayant des compétences dans les maladies des animaux exotiques avant d’utiliser ce type de produit, sur les animaux ou leur environnement.

Le vivarium est entièrement vidé et traité avec un produit efficace contre les acariens en l’appliquant généreusement dans tous les recoins et sur tous les éléments artificiels du décor. On peut par exemple utiliser du fipronil en spray ou de l’eau de Javel très diluée (1 volume d’eau de Javel à 2,6 % de chlore actif pour 12 volumes d’eau). Les éléments naturels (branches ou écorces par exemple) et le substrat sont jetés et remplacés.

Par précaution, tous les reptiles et tous les vivariums présents dans la même pièce que le reptile contaminé doivent être traités en même temps.

  • Les tiques sont également des acariens hématophages, de couleur gris rouge, présentes chez tous les reptiles. Elles mesurent de 3 à 5 mm et sont donc faciles à voir à l’œil nu, même si elles peuvent parfois se confondre avec les écailles. Elles se fixent au niveau de l’aine, des aisselles, du coude, des doigts, des narines, du cloaque et des paupières.

Le portage de tiques ne provoque généralement pas de symptômes, sauf si elles sont présentes en grande quantité : elles entraînent alors une anémie (se traduisant par une perte de poids, un manque d’appétit, etc.). Elles peuvent également être porteuses de virus et de parasites sanguins.

Le traitement consiste à retirer manuellement les tiques, à l’aide d’un crochet spécifique, en faisant bien attention à ne pas laisser la tête de la tique, ce qui pourrait entraîner une infection (petit abcès). Il est possible de déposer une goutte de fipronil sur la tique à l’aide d’un coton-tige et d’attendre quelques secondes pour faciliter son détachement. Il faut ensuite bien désinfecter le point de fixation avec un antiseptique, de la Bétadine® par exemple. Un traitement acaricide des reptiles et de leur environnement peut également être effectué.

  • Les aoûtats affectent essentiellement les lézards et les tortues. Ce sont les larves de Trombicula (acarien de la famille des Trombiculidés), de couleur rouge orange et visibles à l’œil nu (0,5 mm). Ils se fixent dans les plis de peau, généralement à la base des membres, dans le cou et à la base de la queue et se nourrissent de lymphe et de cellules épidermiques digérées par leur salive (et non de sang). Leur portage provoque des démangeaisons, entraînant des lésions cutanées plus ou moins importantes selon l’intensité du grattage.

Le traitement antiparasitaire est le même que pour les mites.

  • Les myiases sont plus fréquentes chez les tortues hébergées en extérieur pendant la saison chaude et peu mobiles. Elles surviennent quand des mouches pondent leurs œufs sur une plaie cutanée : après éclosion, les larves migrent dans les tissus sous-cutanés, et sont à l’origine de fistules en profondeur. Les myiases se présentent sous forme de plaies suintantes, colonisées par des petits vers blancs, souvent à la jonction peau - carapace.

Le traitement des myiases est chirurgical : les plaies sont curetées et les larves éliminées à la pince. Les plaies sont ensuite refermées et protégées par un pansement.

  • Les sangsues concernent surtout les tortues aquatiques. L’infestation est en général asymptomatique, mais les lésions causées par les pièces buccales des sangsues peuvent s’infecter ou s’ulcérer.

Le traitement consiste à badigeonner les sangsues d’alcool à 70° ou de vinaigre ; elles se détachent alors facilement de la peau. On peut également faire prendre aux tortues des bains d’eau salée (pour les espèces d’eau douce) ou d’eau douce (pour les espèces d’eau salée). Il est nécessaire de désinfecter ensuite les plaies deux fois par jour, jusqu’à ce qu’elles soient cicatrisées. Les bassins seront vidés, nettoyés et traités avec du sulfate de cuivre.

  • Des algues peuvent parasiter la carapace des tortues, qui prend alors un aspect gluant et verdâtre. Un décollement des écailles est possible. Le traitement consiste en des applications quotidiennes d’une solution iodée ou de sulfate de cuivre à 2 %.
  • Cloacarus est un petit acarien (0,3 mm) transmis au moment de l’accouplement chez les tortues. Il provoque des irritations de la muqueuse cloacale. Un traitement acaricide (comme pour les mites) est nécessaire pour les éliminer.

Peut-on prévenir les infestations parasitaires ?

Les reptiles ne sont pas traités de façon préventive contre les parasites externes. Ceux-ci provenant forcément du milieu extérieur, quelques mesures permettent de limiter les infestations :

  • Respecter une période de quarantaine avant toute introduction d’un nouvel arrivant dans le vivarium (y compris lors d’échange de reproducteur ou de mise en pension).
  • Se laver les mains avant et après chaque manipulation.
  • Même si l’aspect esthétique n’est pas satisfaisant, préférer un vivarium en verre, facile à nettoyer et à désinfecter, sans décors naturels et sans substrat (utiliser plutôt du papier journal ou du linoléum, des plantes artificielles…).
  • Maintenir une bonne hygiène dans le vivarium (nettoyage et désinfection réguliers, dont la fréquence varie selon le type et le nombre d’occupants) et de bonnes conditions d’hygrométrie, de température et d’éclairage (variables également selon les occupants).
  • Soigner immédiatement toute blessure et placer les animaux blessés à l’abri des insectes.

Y a-t-il un danger pour l’Homme ?

Les parasites externes des reptiles sont spécifiques des reptiles et ne peuvent pas contaminer l’Homme ni les animaux de compagnie.